Bien avant la découverte de l’insuline, on savait qu’il existait un lien entre le pancréas et le diabète sucré. Ce lien avait été établi de façon expérimentale, notamment par Minkowski (1858-1931) et Von Mering (1849-1908).
Sans connaître encore l’existence de l’insuline, c’est uniquement à partir du début du 20e siècle, avec les travaux de Zuelzer (1870-1949) et de De Meyer (né en 1878), que l’on commença à extraire la substance mystérieuse depuis le pancréas de lapin et qu’on l’administra pour la première fois, sans succès, à des humains (1906) puis à des chiens (1910). On découvrit alors l’origine anatomique de la substance que De Meyer avait officiellement nommée « insuline » en 1909.
L’histoire nous a démontré qu’on associe, souvent à tort, la découverte de l’insuline aux Canadiens Frederick-Grant Banting (1891-1941) et Charles Best (1899-1978). Leur contribution a été remarquable, mais à d’autres égards.
Le premier exploit de Banting fut, véritablement, d’avoir formulé, en octobre 1920, une hypothèse dont il était franchement convaincu. Banting croyait qu’en ligaturant les conduits pancréatiques d’animaux vivants, il pourrait causer la dégénérescence des cellules qui produisaient les sécrétions externes (les enzymes digestives) de l’organe, ce qui les empêcherait d’entraver ou de neutraliser la mystérieuse sécrétion interne du pancréas (l’insuline), et permettrait peut-être d’isoler cette dernière sous forme active et de l’utiliser dans le traitement du diabète.
Banting ne fut pas le premier chercheur à soupçonner que certaines cellules du pancréas, nommées les îlots de Langerhans, libéraient dans le sang une substance qui détenait la clé du traitement du diabète. Beaucoup avait essayé de trouver cette substance, mais échouèrent. Banting découvrit comment s’y prendre lorsqu’il apprit qu’un chien à qui on avait enlevé le pancréas développa le diabète, mais que ce n’eut pas été le cas si on le lui eut simplement ligaturé.
Le deuxième exploit remarquable de Banting fut d’avoir convaincu, en novembre 1920, le professeur et éminent physiologiste John James Rickard Macleod (1876-1935), de l’université de Toronto, que son hypothèse valait la peine d’être démontrée expérimentalement. Macleod, quelque peu sceptique à l’égard des chances de réussite, l’invita malgré tout à poursuivre ses idées. Il lui offrit un petit laboratoire et des animaux (10 chiens), ainsi que l’aide de Charles Herbert Best (1899-1978), un jeune étudiant en médecine de 22 ans, diplômé de physiologie et de biochimie.
Les travaux de Banting et de ses illustres collaborateurs allaient mener à la démonstration que des extraits pancréatiques d’origine animale et suffisamment purifiés pouvaient traiter efficacement le diabète et sauver des vies humaines. C’est la recette du traitement qu’ils allèrent finalement découvrir! Il s’agira d’une avancée médicale spectaculaire pour l’époque. Cette avancée n’eut toutefois été possible sans la contribution scientifique de leurs prédécesseurs et d’une équipe dirigée par l’éminent professeur Macleod.